Le thème

La co-création consiste à susciter un engagement sincère à produire ensemble des résultats valorisés par tous en collaborant à l’atteinte d’un objectif commun. Dans notre pratique, nous posons des questions, nous menons des enquêtes, nous nous servons d’outils, nous collectons des données, nous mesurons des résultats. En combinant notre expertise et notre objectivité, nous cherchons à comprendre des points de vue, des réalités et des intérêts variés. Se peut-il que nous donnions une préférence intrinsèque à notre propre vision du monde? Faisons-nous véritablement preuve de respect et de considération pour les connaissances, les valeurs, la culture et l’expérience des personnes avec qui nous interagissons?

Les évaluateurs adoptent souvent une position de privilège et d’influence, à titre de représentants du bailleur de fonds ou de l’organisme prestataire d’un programme. Traditionnellement, les clients ou les groupes cibles sont perçus comme les objets de l’évaluation. Des approches telles que l’évaluation développementale, participative ou habilitante tentent de contrer ce déséquilibre du pouvoir par diverses méthodes, mais souvent, la collaboration et la consultation ne constituent pas un véritable partenariat.

Avec notre thématique de la co-création, nous espérons explorer le concept de l’évaluation sans tutelle. La co-création remet en question les relations de pouvoir traditionnelles. Elle nous appelle à devenir à la fois spécialistes de la méthodologie, animateurs, critiques, alliés et penseurs stratégiques, capables de faire progresser l’évaluation pour faciliter le changement tout en partageant la compétence. Elle nous appelle à développer de véritables partenariats, à construire nos évaluations à partir de la base et à reconnaître que d’autres méthodes et points de vue ont autant de poids que les nôtres.

Les volets

La co-création est à la fois un périple et une destination. Dans notre exercice de la co-création, nous pourrons vivre une intégration, une transformation et une évolution de nos pratiques. Les participants voudront peut-être donner leur point de vue sur un ou plusieurs de ces volets.

Intégration

Adopter des démarches qui incorporent ou explorent des valeurs communes, qui favorisent la recherche d’un terrain d’entente, qui sont ancrées socialement et culturellement et qui inspirent la collaboration.

Transformation

Laisser volontairement la place à la transformation par la gestion du changement, la créativité collective, l’impact collectif, la durabilité, la défense des intérêts.

Pratique

Incorporer des approches et philosophies nouvelles dans les compétences professionnelles, la réflexion, l’apprentissage, l’évolution, l’espace nécessaire à l’expérimentation.

Perspectives

Nous encourageons les participants à explorer le thème et les volets du congrès du point de vue d’une diversité de populations, de collectivités et de domaines d’action :

  • Les enfants et les jeunes : Nous réalisons l’évaluation de programmes et de projets axés sur l’enfance et la jeunesse. Compte tenu des enjeux éthiques à considérer lorsque nous travaillons avec de jeunes personnes, dans quelle mesure réussissons-nous à intégrer leurs perspectives à l’évaluation? Pourrions-nous en faire davantage? À quoi ressemblerait la co-création avec les enfants et les jeunes?
  • L’environnement : La profession de l’évaluation est largement axée sur les services humains, mais il est urgent de tenir compte de la durabilité en incorporant la connectivité des systèmes humains et naturels à la pratique de l’évaluation et en développant des méthodologies à cette fin. Quels partenariats faudrait-il explorer?
  • La santé : Le secteur de la santé se sensibilise de plus en plus à la nécessité d’aborder tous les aspects de la conception et de la prestation des services du point de vue du patient. Comment pourrons-nous mobiliser les patients à titre de partenaires?
  • Les peuples autochtones : La SCÉ a pris position en faveur de la réconciliation au Canada. Comment veillerons-nous à inclure l’angle de la réconciliation à nos travaux? Avons-nous un rôle à jouer à titre d’alliés des peuples autochtones et des pouvoirs publics en mettant nos compétences et notre expertise au service des priorités autochtones? Comment assurer une valorisation égalitaire des perspectives et méthodologies autochtones?
  • Le développement international : Un vaste corpus de savoirs sur les projets de développement durable nous offre des leçons sur le renforcement des capacités, l’inclusion, la gouvernance et la redistribution. Quels points de vue, du sud au nord et d’un contexte à l’autre, font la lumière sur les facteurs et les limites de la réussite, de la réplication et de l’échelle? Comment valorisons-nous et partageons-nous le savoir qui nous vient de nos partenaires du Sud?
  • Les nouveaux arrivants : Les nouveaux arrivants au Canada, qu’ils soient immigrants ou réfugiés, sont soutenus par des programmes à tous les paliers administratifs, ainsi que par les collectivités. Comment irons-nous au-delà de la sensibilité culturelle pour puiser dans les savoirs, les idées et la résilience des populations de nouveaux arrivants? Comment veillerons-nous à refléter et incorporer les problèmes et les perspectives des nouveaux arrivants, en commençant par la conception de nos évaluations?
  • La mesure de l’impact social : Collectivement, mesurons-nous les bonnes choses? Que donneraient la collaboration et la co-création entre l’évaluation et la mesure de l’impact social?

Contextes et limites : Certains éléments contribuent ou nuisent à la co-création. Y a-t-il d’autres domaines de l’évaluation qui bénéficieraient d’une approche axée sur la co-création? Comment, par exemple, l’évaluation et les évaluateurs pourraient-ils s’impliquer davantage dans l’apprentissage et l’innovation organisationnels ou dans le travail auprès des collectivités rurales ou isolées?